• CHAPTER ONE •
Petite princesse perdue dans son propre royaume, petite princesse qui se brûle les doigts contre les barreaux de sa prison dorée. Souffle enfantin qui éteint les huit bougies de son gâteau sous les rayons étouffants du soleil estival. Elle devrait être heureuse, elle devrait avoir le cœur léger envahie par le bonheur. Mais non, il n'y a que cette sensation dérangeante qui déchire son palpitant, poison de tristesse qui fait palpiter son carmin salvateur. Voile de candeur qui perdure sur ses traits étirés par la peine et les questions auxquelles jamais elle n'aura pas de réponses. Enfin pas maintenant, parce qu'elle est trop petite, parce qu'on la protège, parce qu'on tente de l'extirper du monde monstrueux dans lequel elle grandit. Histoires d'adultes auxquelles elle ne peut avoir accès.
« Elle est où ma maman ? A l'école ils ont dis que j'étais pas normale parce que moi j'en avais pas. » On lui répond jamais, vérité empoisonnée qu'on voudrait lui cacher pour l'éternité. Comment peut on avouer à son propre enfant qu'elle n'est qu'une erreur que l'on a abandonné, une faute dont on devait se débarrasser. Il l'aime son père, il l'aime plus que tout au monde, il l'aime comme on aime le soleil. Petit écrin de paradis, Eden tombé du ciel pour qu'il ferait tout. Mais la génitrice de la gamine n'était qu’intéressement, elle ne voyait qu'en lui une source inépuisable de profits. Il l'a aimé, elle pas vraiment. Il lui aurait offert la lune lorsqu'elle ne lui a donné que des regrets. Puis il y a eu Calypso, il y a eu cet enfant qu'elle ne désirait pas, celle qu'elle ne pouvait plus faire disparaître. Ventre qui s'arrondissait au fil des mois, horreur s'amplifiait dans son coeur plus le temps passait. Parce qu'elle était volage, elle était habitée par cette envie mordante de vivre à toute vitesse, de vivre en solitaire. Et cette carrière sous les objectifs, sous les crépitements des photographes qui s'éloignait d'elle. Elle était jeune la mère de Calypso, simple beauté sans maturité, colombe qui fendait les cieux. Elle lui a donné ce bébé, cette petite fille qu'il a juré de protégé des maux de ce monde et elle est partie. Sans se retourner elle a abandonné son propre enfant, elle est retournée là bas, à Paris où ils s'étaient rencontré. Elle ne se voyait que comme une jeune femme destinée à couvrir les couvertures de magazines, pas comme une mère, certainement pas comme une mère.
« Tu as ton papa et moi je serais toujours là princesse. » Paroles qu'on lui murmure sans arrêt mais qui dans un sens ne suffiront jamais.
• CHAPTER TWO •
Bourgeon carmin ayant implosé sous les rayons du soleil, désormais la gamine est devenue fleur. Rose épineuse à la beauté maudite, contre laquelle on se blesse, on se déchire le derme en voulant l'approcher. Blessures d'enfants qui ne partiront jamais, qui l'ont forgés, qui ont construites la créature guerrière qu'elle est devenu. Elle n'a jamais vraiment eu de modèle féminin, enfin, il y a bien eu sa grand-mère. Seule présence qui venait briser sa solitude, celle que son père éternellement absent lui imposait pour la protéger. Elle l'a élevé la douce femme à la chevelure argentée, elle l'a élevé comme s'il s'agissait de sa propre enfant. Lien d'une force inouïe qui s'est créé entre les femmes Berlioz. Pilier de son existence qu'elle chérie plus que tout au monde la gamine. Alors comment supporter la douleur infernale qui vous explose le coeur après chacun de ses battements, lorsque vous voyez sans pouvoir agir, celle qui vous a tout donné s'éteindre à petite feu, lente agonie qui semble l'emporter. Elle n'est plus la fière femme qui lui tenait la main avec assurance, elle n'est plus qu'une ombre qui se bat, lionne dont les rugissements ne sont plus que des ronronnements. Maladie qui veut l'emporter, mais elle s'accroche, elle plante ses griffes dans le monde des vivants pour ne pas rejoindre les cieux, pour ne pas être un éclat du passé brillant dans le voile d'encre noir de la nuit. Chaque jours elle est là Calypso, chaque jours elle s'en occupe du mieux qu'elle peut, chevet qu'elle a du mal à quitter, image de sa grand-mère qui chaque jour se détériore sous son regard impuissant. Il n'y a que son ancêtre qui connaît la vraie poupée, il n'y a qu'elle qui sait qu'elle gamine se cache derrière le masque qu'elle s'évertue à porter. Il glisse le long de ses traits chaque fois qu'elle la rejoint. Plus fragile qu'on ne le pense, l'intérieur de son être n'est que cristal que l'on peut si facilement faire imploser. Mais personne ne le verra jamais, elle garde tout, elle enterre tout, elle enferme chaque sentiments qui la foudroie dans sa boite de pandore à elle, boite que jamais elle n'ouvrira.
« Je suis là grand-mère, je te laisserais pas. » Petite nymphe qui n'a jamais vraiment eu de famille, mais qu'un vide sordide qu'elle peine à combler. Il y a la flamme de sa vie qui doucement s'éteint accablé par le cancer. Puis il y a son père qui se noie dans le travail, tente de combler son absence par divers présent. Et c'est tout. Alors elle ne peut pas, elle ne veut pas la perdre, elle ne le supporterait pas, jamais.
CHAPTER THREE
Aaron. Foutue traitre. Foutue connerie. Foutue regret.
Poupée damnée. Elle y croyait, elle y croit plus. Piège maudit dans lequel elle est tombée. Il y a cette rencontre. Celle qui bouleverse votre vie. Connerie. Celle qui vous transcende. Connerie. Celle qui vous fait croire à l'éternité. Connerie. Celle qui vous mène si haut que vous voler au dessus du monde. Connerie.
Elle se laisse aller la poupée, elle fracasse, elle détruit, elle démolit. Batte dans la main. Voiture du monstre dans le viseur. Elle lui offre ce qu'il a glissé dans ses veines. De la haine. Cocktail explosif qui ne tarde pas à la faire imploser. Éclats transparent qui déchirent l'air alors que l'arme d'un jour s'abat avec véhémence dans le pare brise. Pathétique bolide qu'elle achève avec la propre batte du propriétaire. Elle le fait payer. Elle lui donne la facture de ses péchés, de tout ce qu'il a causé, de cette rage qu'il a injecté dans ses veines, de ce cœur qu'il a fracturé. Fureur qu'elle ne peut apaiser, fureur de la lionne qui rugit en elle. Fragments de diamants qui fuyaient ses opalescences, qu'elle a rapidement balayé. Parce qu'elle se refuse la peine, elle se refuse l'abattement, elle se refuse l'affliction. Ne perdure que l'envie de vengeance, l'envie de n'en faire qu'un tas de poussière.
Elle est déçue. Un peu de lui, surtout d'elle même. Déçue d'avoir cru aux foutaises romantiques qu'on souffle dans les livres qui n'ont d'emprises que sur ceux qui sont assez stupides pour y croire. Amour. Folie. Autant de lettres, même absurdité. On commence par aimer, on finit dévorer par la démence. Amour. Peine. Autant de lettres, même finalité. On commence par aimer, on finit par se noyer dans ses propres perles salées. Océan de douleur qui s'échappe de nos opales et dans ces vagues de peine, y a rien d'accueillant, absolument rien.
Il lui a promis le paradis. Il lui a offert l'enfer.
Chute sentimentale. Suicide de ses propres sentiments. Elle l'a vu lui avec elle. L'amant avec l'amie. Deux trahisons, pour deux fois plus de colère. Deux trahisons pour deux fois plus de raisons de se venger. Plus jamais, plus jamais, plus jamais. Elle ne cesse de se le répéter alors qu'elle termine son chef d’œuvre, le plus beau de tous. Agressivité qui lui offre cette force qu'elle ne possède pas. Adrénaline qui s'éprend d'elle alors qu'elle fracasse ses rêves du passé, alors qu'elle détruit ses anciens idéaux, alors qu'elle assassine sa stupidité. Celle qui l'a poussé à y croire, à le croire. Celle qui l'a poussé à l'aimer, lui, le premier, plus que tout les autres, plus que tout au monde. Connerie.
CHAPTER FOUR
Notes de musiques qui se perdent dans la salle alors qu'elle se laisse aller la poupée. Plus rien n'existe, ne subsiste que la musique, ne persiste que sa silhouette qui suit la folle cadence. Don qui suinte dans ses veines, don qui la poursuit depuis qu'elle n'est qu'une gamine. Elle est née pour danser, née pour valser dans les bras de partenaires différents. Amour pour cette discipline qui ne l'a jamais quitté, qui ne la quittera jamais. C'est en elle, certainement pour l'éternité, c'est en elle et ça ne partira pas. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle décide, cet amour là, jamais elle ne pourra s'en défaire. Animé par cette passion fauve qui fait vibrer son palpitant. Pourtant la lionne n'est que douceur bien que fragmentée de férocité. Rat de l'opéra qui se défait de sa sauvagerie chaque fois qu'elle noue ses ballerines. Aujourd'hui son avenir se joue, elle le sait, mais elle ne laisse pas la pression la freiner, elle ne laisse pas la peur abîmer sa performance. Danse qu'elle a fait des milliers de fois, danse qu'elle connaît sur le bout des doigts. Alors elle se laisse emporter, sans se préoccuper des opalescences de ceux venus pour elle. Puis il y a le voile de la perfection qui se déchire, puis il y a ce drame qu'elle n'avait pas prévue. Celui de sa chute, celui de la douleur innommable qui s'éprend de sa cheville alors que la poupée de porcelaine se fragmente contre le sol. Rêve qui se délite, rêve qui se dissipe. Elle n'entend plus rien, elle ne voit plus rien, noir complet qui la submerge alors que la blessure signe la fin temporaire d'une danse qu'elle pensait voué à l'éternité. Condamnée la poupée qui voit une nouvelle terreur se créer. Celle de ne jamais pouvoir danser de nouveau.